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Le mouvement du logiciel libre

L'histoire du logiciel libre est intimement imbriquée avec celle de l'informatique et celle du génie logiciel. Elle ne commence en tant que telle qu'à partir du moment où est apparu le besoin de distinguer le logiciel libre du logiciel propriétaire, selon le principe énoncé pour Le Cru et le Cuit.

Ces prémices datant de la fin du XXe siècle, il ne peut s'agir d'une discipline académique. L'histoire du logiciel libre est donc présentée ici de façon informelle.Un mouvement social s'est petit à petit constitué pour faire évoluer les droits que les utilisateurs ont sur le logiciel afin d'accéder à la libre circulation des informations dans ce domaine.

Les idées

Exposition des problèmes

Richard Stallman explique dans Pourquoi les logiciels ne doivent pas avoir de propriétaire une « analogie abusive avec les objets matériels3. ». Pour expliquer ce qui sera repris dans la notion de biens rivaux il y utilise la métaphore culinaire (qu'il reprendra régulièrement4) pour dissocier le plat qui, s'il est pris par quelqu'un d'autre peut entraîner un manque, et la recette de cuisine. Partager la recette selon lui ne peut être que bénéfique, puisque cela ne crée pas de manque, et qu'au contraire peut profiter à celui qui la donne s'il peut profiter à son tour des améliorations apportées.

Il précise dans le "manifeste GNU" que  « Extraire de l'argent des utilisateurs d'un programme en restreignant leur utilisation du programme est destructif parce que, au bout du compte, cela réduit la quantité de richesse que l'humanité tire du programme. {…} C'est la morale kantienne, ou règle d'or. Puisque je n'aime pas la situation qui résulte d'une rétention générale de l'information, il me revient de considérer comme immoral d'agir ainsi5. » Le problème n'était donc pas seulement de permettre la réutilisation du code source, mais de faire en sorte que l'information qu'il contient reste en libre circulation, et que les avantages qu'il procure restent librement utilisables.

Stallman précise les raisons de cette différenciation6 : de son point de vue, ramenés à quelques concepts élémentaires les logiciels sont des idées, et on peut les découper en logiques simples dont le nombre devient alors limité.

De ce point de vue une partie de code réutilisable peut se trouver en situation de ne pouvoir fonctionner qu'associé à des éléments propriétaire. Dans ce cas, son utilisation dans un contexte fonctionnel est donc soumis aux limites de copyright des éléments propriétaires indissociables.

Solution utilisée

Considérant que le système d'exploitation est un élément stratégique indispensable, il entreprit en 1983 la conception d'un système d'exploitation libre, GNU, auquel il se consacra entièrement à partir de 1984 après avoir démissionné du MIT.

Pour mettre en place son projet GNU, il dut préciser les principes du logiciel libre décomposés en quatre libertés fondamentales : celle d'utiliser, d'étudier, de modifier et de redistribuer des versions modifiées.

Le copyleft

Les principes énoncés pour le logiciel libre étaient déjà existant dans le cadre universitaire par exemple, mais pour développer GNU, les contributeurs intéressés par le projet (et Richard Stallman lui-même) voulaient être certain que leurs apports resteraient libres.

L'idée d'interdire d'interdire sera alors exprimée par le copyleft (ou gauche d'auteur7) dont la finalité est clairement exposée dans le manifeste GNU :« L'idée centrale du gauche d'auteur est de donner à quiconque la permission d'exécuter le programme, de le copier, de le modifier, et d'en distribuer des versions modifiées - mais pas la permission d'ajouter des restrictions de son cru. C'est ainsi que les libertés cruciales qui définissent le « logiciel libre » sont garanties pour quiconque en possède une copie; elles deviennent des droits inaliénables8. »

Ce copyleft va au-delà des principes du logiciel libre en les imposant définitivement à tout ce qui est créé à partir d'éléments copyleftés. Il a alors été qualifié viral et la question de savoir si appliquer le copyleft rend le logiciel plus libre ou moins libre est l'un des débats sans fin les plus courants (voir troll).

Les Licences GNU

Ce principe de copyleft dut s'inscrire dans le cadre légal pour être utilisable. C'est avec Eben Moglen que sont mises au point les licences qui précisent sur le principe du droit d'auteur les conditions d'utilisation que celui-ci impose aux utilisateurs, en l'occurrence la pérennité des principes du logiciel libre.

Les licences GNU font leur apparition avec la licence GNU Emacs de 1985. Mais cette licence manque de formalisme juridique, ne s'applique qu'au logiciel GNU Emacs, et exige l'envoi de toute modification du code au projet GNU, ce qui crée une hiérarchisation de fait entre programmeurs. Stallman s'attache donc rapidement à élaborer une licence mieux rédigée, plus égalitaire et d'un objet plus général, la GPL. Celle-ci va évoluer sur plusieurs années, jusqu'à la version 1.0 de 1989. La GNU General Public License sera rapidement accompagné de versions adaptées à des cas particulier, la LGPL (GNU Lesser General Public License et la GFDL (GNU Free Documentation License).

Publié le: 05 July 2019 17:07:11